Sélectionner une page

Qu'est-ce que la conformité ? - 1280 pixels x 745 pixels

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi les gens ont tendance à suivre les normes sociétales et à adopter certains comportements ou croyances ? Embarquons dans un voyage stimulant pour comprendre la psychologie derrière le conformisme.

Le conformisme: de quoi s’agit-il?

Le conformisme est l’acte de changer vos comportements afin de vous intégrer ou d’accompagner les personnes qui vous entourent.

Nous explorerons divers aspects du conformisme, notamment sa définition, ses origines et la façon dont il se manifeste dans différents contextes sociaux.

Pourquoi nous nous conformons

Les chercheurs ont découvert que les gens se conforment pour un certain nombre de raisons différentes. Dans de nombreux cas, se tourner vers le reste du groupe pour trouver des indices sur la façon dont nous devrions nous comporter peut être utile. D’autres personnes peuvent avoir plus de connaissances ou d’expérience que nous, donc suivre leur exemple peut être instructif.

Dans certains cas, nous nous conformons aux attentes du groupe afin d’éviter d’avoir l’air stupide. Cette tendance peut devenir particulièrement forte dans des situations où nous ne savons pas trop comment agir ou lorsque les attentes sont ambiguës.

En 1955, Deutsch et Gerard ont identifié deux raisons principales pour lesquelles les gens se conforment : l’influence informationnelle et l’influence normative.

L’influence informationnelle se produit lorsque les gens modifient leur comportement afin d’être corrects. Dans les situations où nous ne sommes pas sûrs de la bonne réponse, nous nous tournons souvent vers d’autres qui sont mieux informés et mieux informés et utilisons leur avance comme guide pour nos propres comportements. Dans une salle de classe, par exemple, cela peut impliquer d’être d’accord avec les jugements d’un autre camarade de classe que vous percevez comme étant très intelligent.
L’influence normative découle d’un désir d’éviter les punitions (comme suivre les règles en classe même si vous n’êtes pas d’accord avec elles) et d’obtenir des récompenses (comme se comporter d’une certaine manière pour que les gens vous aiment).

Histoire

La conformité est quelque chose qui arrive régulièrement dans nos mondes sociaux. Parfois, nous sommes conscients de notre comportement, mais dans de nombreux cas, cela se produit sans trop de réflexion ou de prise de conscience de notre part. Dans certains cas, nous acceptons des choses avec lesquelles nous ne sommes pas d’accord ou nous nous comportons d’une manière que nous savons que nous ne devrions pas.

Certaines des expériences les plus connues sur la psychologie de la conformité traitent de personnes qui suivent le groupe, même lorsqu’elles savent que le groupe a tort.

L’expérience de Jenness en 1932

Dans l’une des premières expériences sur la conformité, Jenness a demandé aux participants d’estimer le nombre de grains dans une bouteille. Ils ont d’abord estimé le nombre individuellement, puis plus tard en groupe. Après avoir été interrogés en groupe, ils ont ensuite été interrogés à nouveau individuellement. L’expérimentateur a découvert que leurs estimations s’écartaient de leur supposition initiale pour se rapprocher de ce que les autres membres du groupe avaient deviné.4

Expériences sur les effets autocinétiques de Sherif

Dans une série d’expériences, Muzafer Sherif a demandé aux participants d’estimer la distance parcourue par un point lumineux dans une pièce sombre. En réalité, le point était statique, mais il semblait bouger en raison de ce qu’on appelle l’effet autocinétique. Essentiellement, de minuscules mouvements des yeux donnent l’impression qu’une petite tache de lumière se déplace dans une pièce sombre.

Interrogés individuellement, les réponses des participants variaient considérablement. Interrogé dans le cadre d’un groupe, cependant, Sherif a constaté que les réponses convergeaient vers une moyenne centrale. Les résultats de Sherif, publiés en 1935, ont démontré que dans une situation ambiguë, les gens vont se conformer au groupe, un exemple d’influence informationnelle.

Expériences de conformité d’Asch

Dans cette série d’expériences célèbres, menées dans les années 1950, le psychologue Solomon Asch a demandé aux participants d’accomplir ce qu’ils croyaient être une simple tâche perceptive. On leur a demandé de choisir une ligne qui correspondait à la longueur de l’une des trois lignes différentes.

Lorsqu’on leur demandait individuellement, les participants choisiraient la bonne ligne. Interrogés en présence de complices qui participaient à l’expérience et qui avaient intentionnellement sélectionné la mauvaise ligne, environ 75% des participants se sont conformés au groupe au moins une fois.

Cette expérience est un bon exemple d’influence normative. Les participants ont modifié leur réponse et se sont conformés au groupe afin de s’intégrer et d’éviter de se démarquer.

Expérience de la prison de Stanford

Dans cette expérience controversée, menée en 1971, Philip Zimbardo a simulé un milieu carcéral pour voir comment le comportement des gens changerait selon le rôle qui leur était attribué (détenu ou gardien de prison). Il a montré que le comportement était affecté par les attentes du rôle. Cependant, il y a beaucoup de critiques de cette expérience et de ses résultats.

Les facteurs qui influencent la conformité

Le comportement humain et la psychologie sont complexes. Les gens peuvent se conformer dans certaines situations et pas dans d’autres, en fonction de facteurs tels que :

  • La difficulté de la tâche : les tâches difficiles peuvent entraîner à la fois une augmentation et une diminution de la conformité. Ne pas savoir comment effectuer une tâche difficile rend les gens plus susceptibles de se conformer, mais une difficulté accrue peut également inciter les gens à mieux accepter différentes réponses, ce qui entraîne moins de conformité.
  • Les différences individuelles : les caractéristiques personnelles, telles que la motivation à réussir et de fortes capacités de leadership, sont liées à une diminution de la tendance à se conformer.
  • La taille du groupe : Les gens sont plus susceptibles de se conformer dans des situations qui impliquent entre trois et cinq autres personnes.
  • La situation : Les gens sont plus susceptibles de se conformer dans des situations ambiguës où ils ne savent pas comment réagir.
  • Les différences culturelles : Les personnes issues de cultures collectivistes sont plus susceptibles de se conformer.

Pièges potentiels de la conformité

S’il est souvent avantageux de s’intégrer à un groupe, la conformité peut parfois avoir des conséquences indésirables. Par exemple, avoir l’impression de devoir changer d’apparence ou de personnalité pour faire partie d’un groupe peut réduire votre estime de soi.

C’est en particulier le cas lorsqu’un phénomène, appelé « pensée de groupe », se développe. Elle est spécifique des groupes cohésifs qui ont à prendre des décisions dans un contexte stressant, sous la direction d’un leader autoritaire et partial. Dans ce cas, les opinions minoritaires ont du mal à s’exprimer, le conformisme aux idées les plus évidentes et à celles des membres les plus en vue domine. La recherche du consensus à tout prix prime sur tout le reste, et aboutit à un comportement moutonnier, qui inhibe l’esprit critique, l’indépendance de pensée, et la recherche d’alternatives pourtant nécessaire à une décision rationnelle. C’est en analysant le compte rendu de prises de décisions qui se révélèrent catastrophiques, comme celles qui aboutirent à la destruction de la flotte américaine à Pearl Harbor, à l’escalade de la guerre au Viêt Nam ou à l’invasion de la baie des Cochons, que le psychologue social américain Irving L. Janis identifia ce phénomène, caractérisé en particulier par la limitation de la recherche d’informations, l’évitement du débat et l’autocensure.

En quoi l’obéïssance est-elle différente de la conformité ?

L’obéïssance consiste à modifier son comportement en réponse à une demande de le faire, comme un ami vous demandant de le conduire. Ce n’est pas la même chose que l’obéissance (par exemple, un élève qui suit un règlement de l’école) car la demande vient de quelqu’un qui n’a pas autorité sur vous.
La conformité est plus subtile. C’est lorsque vous changez votre comportement (consciemment ou inconsciemment) non pas sur la base d’une demande, mais sur la base d’un besoin perçu de vous intégrer à ceux qui vous entourent.

Quand la conformité des enfants aux pairs atteint-elle son apogée ?

La recherche montre que la conformité aux pairs culmine au milieu de l’adolescence, vers l’âge de 14 ans. À cet âge, les enfants passent plus de temps avec leurs pairs et leur influence est la plus forte.

Quel aspect de la culture diminue les taux de conformité ?

Dans les cultures plus individualistes, les gens sont moins susceptibles de se conformer. Dans les cultures collectivistes, la conformité est plus valorisée.

Qu’est-ce que le biais de conformité ?

Le biais de conformité est la tendance à prendre des décisions ou des jugements basés sur le comportement des autres. Une fois qu’une personne dans une classe triche à un test, par exemple, d’autres peuvent être plus disposées à tricher parce qu’elles voient que c’est acceptable pour le groupe.

Peut-on résister à l’influence des groupes?

Même si vous faites partie de ces personnes qui se sentent autonomes, libres d’esprit et non influençables, il vous est arrivé de vous ranger, à votre corps défendant ou non, à l’avis d’un groupe ou de ce que vous avez ressenti comme tel. Cette adhésion plus ou moins forte, ou plus ou moins feinte, et qui concerne aussi bien les pensées, les opinions que les conduites, recouvre deux phénomènes différents : la normalisation et le conformisme.

La normalisation renvoie à des situations assez floues, dans la mesure où aucune norme n’existe à leur propos, et celles-ci vont progressivement être créées, par tâtonnements successifs et influence mutuelle. Par exemple, dans ce groupe avec lequel vous faites depuis peu de la musique, il devient clair pour tous les participants qu’un retard d’un quart d’heure est acceptable, jusque-là personne ne dit rien, mais pas plus. Inutile d’ailleurs d’arriver à l’heure exacte, car personne n’est là et vous attendez bêtement. De même, tous les participants ont pris l’habitude de faire une pause au bout de deux heures, et de grignoter alors ce que chacun à tour de rôle apporte. Cela s’est fait petit à petit. Quand, lors d’une des premières séances, un de vos camarades a mis sur la table des paquets de chips pour tout le monde, vous vous êtes dit que, la prochaine fois, vous amèneriez quelque chose. Et comme vous n’avez pas été le seul à le penser et à le faire, cela est devenu une habitude, une norme de fonctionnement.

Le conformisme, lui, concerne des situations où une norme existe déjà, soutenue par la majorité du groupe. Qu’est-ce qui peut amener un individu à modifier ses opinions ou ses comportements pour les mettre en accord avec ceux prônés par la majorité ? En 1958, le psychologue social Herbert C. Kelman a mis en évidence trois raisons :

– On peut se conformer par complaisance : le conformisme est alors utilitaire, il n’atteint pas les croyances profondes de l’individu, il lui permet seulement de ne pas se faire remarquer, de ne pas avoir de problèmes.

– On peut se conformer par identification : il importe dans ce cas de préserver des relations positives avec un groupe auquel on tient. On se conforme parce que l’on s’identifie à ce groupe et que l’on veut plaire à ses membres. On parle alors d’influence normative. Son enjeu est l’acceptabilité sociale.

– On peut se conformer par intériorisation : le contenu évoqué par la majorité est alors intériorisé au point que l’individu, convaincu par ce qu’il a entendu ou vu, n’a pas l’impression de se conformer mais d’adhérer de son plein gré. C’est notamment quand la majorité a une haute crédibilité que ce type de conformisme se développe.

Quoi qu’il en soit, du seul fait qu’elle existe, la majorité exerce une pression à se conformer, comme l’a bien montré l’expérience de S.E. Asch, dans laquelle les sujets avaient à évaluer les tailles de bâtonnets. C’était une tâche très simple, facile, sans aucune ambiguité. Le hic, c’est que les sujets effectuaient cette évaluation après avoir entendu plusieurs compères de l’expérimentateur donner des réponses fausses. Un nombre significatif des sujets se conforma à l’opinion de la majorité, en adoptant les réponses erronées ! Ils exprimèrent après l’expérience leur malaise de s’être trouvés dans une si troublante situation : d’abord persuadés qu’ils avaient raison, puis progressivement ébranlés par la constance des réponses de la majorité.

Mais la résistance à la pression majoritaire n’est-elle pas envisageable ? Plusieurs cas peuvent se présenter. Ainsi, par exemple, vous avez osé affirmer votre point de vue opposé à celui de la majorité après vous être aperçu qu’il y avait quelqu’un dans le groupe qui pensait comme vous, c’est-à-dire que vous avez bénéficié d’un « support social ». Ou bien, le fait de vous être opposé à l’avis majoritaire a provoqué votre rejet du groupe. Ou encore, non content de vous être opposé à la majorité, vous n’avez eu de cesse de la convaincre de la justesse et du bien-fondé de votre point de vue. A la condition d’avoir développé vos arguments de manière consistante, convaincue et calme à la fois, sans dénigrer les membres de la majorité, vous êtes parvenu à vos fins et ils ont fini par renoncer à leur point de vue pour adopter le vôtre ! Dans ce cas, vous avez agi comme un minoritaire actif.

On le voit, même si ce n’est pas évident, il est possible non seulement de résister à l’influence majoritaire, mais aussi de lui opposer une alternative. Cependant, la psychologie sociale a mis un certain temps à concevoir puis à étudier ces processus d’influence, qui sont le fait de minorités et mènent à l’innovation. C’est en particulier sous l’impulsion du psychologue français Serge Moscovici que ce champ de recherches s’est développé.

 

Sources:
  1. Wei Z, Zhao Z, Zheng Y. Following the majority: Social influence in trusting behaviorFront Neurosci. 2019;13:89. doi:10.3389/fnins.2019.00089
  2. Deutsch M, Gerard HB. A study of normative and informational social influences upon individual judgmentJ Abnormal Social Psychol. 1955;51(3):629-636.doi:10.1037/h0046408
  3. Sowden S, Koletsi S, Lymberopoulos E, Militaru E, Catmur C, Bird G. Quantifying compliance and acceptance through public and private social conformityConscious Cogn. 2018;65:359–367. doi:10.1016/j.concog.2018.08.009
  4. Morgan TJ, Laland KN. The biological bases of conformityFront Neurosci. 2012;6:87. doi:10.3389/fnins.2012.00087
  5. Le Texier T. Debunking the Stanford Prison ExperimentAm Psychol. 2019;74(7):823-839. doi:10.1037/amp0000401
  6. Knoll LJ, Leung JT, Foulkes L, Blakemore SJ. Age-related differences in social influence on risk perception depend on the direction of influence. J Adolesc. 2017;60:53-63. doi:10.1016/j.adolescence.2017.07.002
Lectures Additionnelles

 

Mon panier
Votre panier est vide.

Il semble que vous n'ayez pas encore fait de choix.

Share via
Copy link
Powered by Social Snap